Fraîchement auréolé de sa double nomination pour la toute prochaine cérémonie des Grammy Awards, mais aussi des scores éloquents de ses productions à l'international (il a établi un incroyable record en Grande-Bretagne, domine les charts outre-Atlantique associé à Akon sur le torride Sexy Bitch (à revoir ci-dessus), et est le meilleur vendeur de disques français dans le monde), David Guetta continue à cultiver l'ambivalence. Mais toujours avec ambition. Pas fêtard, mais créateur d'esprit festif. Pas people, mais déterminé à devenir une marque mondiale.
Surfant sur le business florissant des DJ, l'hebdomadaire Le Point consacre un long portrait, sur une double page, à leur chef de file dont l'album One Love atteint les sommets. Alors que Bob Sinclar dévoilait récemment l'intimité de son quotidien dans un feuilleton en vidéo, la vie de David Guetta y est décortiquée, heure après heure, de ses déplacements incessants et de son rythme de forçat que ne peuvent suivre son épouse Cathy et ses deux enfants, à son régime alimentaire très light...
L'intéressé nourrit également lui-même le portrait, livrant quelques confidences. Morceaux choisis :
"Ça ne vous embête pas si je parle la bouche pleine ? J'ai pris l'habitude de manger en donnant des interviews, pour gagner du temps."
"Je ne prétends pas être un musicien, ce serait faire insulte à Mozart ou à n'importe quel joueur de piano. Mais je ne suis pas non plus un simple pousse-disque. Je me suis toujours situé à mi-chemin du mix et de la création".
"En général, je me lève vers midi et je commence ma journée par un vol en avion. J'arrive dans un pays, je donne des interviews à des médias locaux et, le soir, je mixe dans un club. Ce sont trois ou quatre heures très intenses, alors, pour m'endormir, je fais de la musique jusqu'à 5-6 heures du matin".
"Je travaille sept jours sur sept. Dans le monde de la musique, ils hallucinent..."
Mais c'est aussi une incroyable success story, dont l'essor fut fulgurant...
"Quand j'ai commencé à Paris, le DJ était un anonyme, un moins que rien. Un jour, je suis allé à Londres, et j'ai vu que là-bas, où la house cartonnait déjà, toutes les lumières étaient braquées sur lui. J'ai investi toutes mes économies dans des disques d'électro et, à mon retour, j'ai passé un marché avec les patrons de boîtes qui m'employaient : je renonce à mon cachet mais, en contrepartie, je fais ma propre programmation et ma propre promo".
L'étape suivante, c'est bien entendu la naissance de l'empire Guetta, qu'il tenta de bâtir avec sa Cathy. Mais l'expérience d'entrepreneur à Paris tournera court ("J'ai pété les plombs. Je n'avais pas choisi ce métier où l'on gère des problèmes de toilettes bouchées") et déstabilisera même, un temps seulement, le couple. "La réussite de David, c'est la mienne, et vice versa", affirme désormais, apaisée, Cathy Guetta. Quant à la mère du DJ, l'intéressé s'amuse : "Pour elle, je ne suis plus un affreux capitaliste, mais un véritable artiste".
Faisant écho au portrait brossé par son demi-frère Bernard Guetta, éditorialiste sur France Inter, qui décrit un garçon "bosseur, exigeant, cadré et très réfléchi", Pierre Siankowski, des Inrocks, commente : "Guetta n'est pas forcément le plus impressionnant musicalement, mais il est le plus futé dans la gestion de ses collaborations et de son image".
Collaborations ? La dernière en date, actuellement en chantier, fait jaser : c'est Madonna qui s'est associée à Guetta, quand Bob Sinclar attend encore un coup de fil de la Madone ! Lequel n'était pas peu fier de faire écouter en blind-test à son interlocuteur du Point quelques instants de ce tube en devenir : "Je prépare un titre pour elle. Mais chut, c'est encore un secret !" Un secret qui a un prix, et la confidentialité a une explication, que livre, textuellement, le newsmagazine : "Si rien n'a encore été annoncé, c'est que les termes du contrat qui définira la répartition des droits entre les deux artistes donnent lieu à d'âpres discussions par agents et avocats interposés. La star américaine est gourmande, mais le Français ne veut rien lâcher." Artiste, oui ; mais business is business.
En revanche, pas un mot, pour l'instant, sur Britney Spears, qui a pris son billet dans la file d'attente pour travailler avec lui... Conclusion, signée Guetta : "Tous les gens dont j'ai passé les disques se mettent à m'appeler, c'est presque trop beau pour être vrai".